En 2017, après 18 ans passés en France, j’ai décidé de prendre « mes cliques et mes claques », et d’immigrer au Canada pour faire mes études. Depuis, je rentre une fois par an en France et reste en contact régulier avec ma famille et mes amis en France. Cependant, je me souviens des premières semaines, des premiers mois, de ma première année. On me demandait comment ça allait le Canada, comment était les canadiens. Mais à chaque fois que l’on me posait cette question, ma réponse changeait.
« Oh c’est génial, j’adore leur gentillesse ! »
« Oh ouais… Je ne sais pas, la France me manque quand même. »
« Yeah, trust me, c’est incroyable! Live on organise Friendsgiving avec des amis. Pis ça donne que ça va être vraiment nice ! »
Depuis mon arrivée, j’ai peu à peu, non pas délaissé ma culture d’origine, mais j’ai mélangé cette dernière à ma culture d’accueil. Alors que la première année a été très difficile pour moi à surmonter, les codes culturels sociaux comme psychiques se sont peu à peu intégrés en moi, en formant une culture hybride. Plus tout à fait française, pas tout à fait canadienne : étrangère à mon pays d’origine mais immigrante au Canada.
Ce phénomène n’était pourtant pas si surprenant que ça ; avant mon départ « définitif », j’ai eu une conversation avec mon père en lui demandant à quoi m’attendre. Pourquoi mon père ? Car cela fait 30 ans qu’il a migré en France depuis l’Allemagne. Il me disait à cette époque, qu’il se sentait comme un mélange des deux cultures et des deux pays, non pas exclusivement l’une ou l’autre, "symboliquement apatride".
Pourquoi venir au Canada alors ? Quelle idée me faisais-je de ce pays à travers sa représentation médiatique ? Comme un étudiant, loin de ses repères, reconstruit-il une culture tierce ?
J’explore, dans ce projet de recherche, mon parcours et celui de français étudiant ou ayant étudié au Canada, spécifiquement à l’Université d’Ottawa, pour comprendre comment ceux-ci se représentent leur migration, leur socialisation canadienne et leur production d’une nouvelle culture. J’ai décidé de produire un documentaire pour présenter mon loci. Ce format est très important à mes yeux. Je pense que celui-ci est aussi important que le contenu qu’il présente. En effet, le documentaire me permet de pouvoir recueillir à chaud les discussions que j’entreprend avec les différents français, en capturant à la fois leurs comportements et leurs façons d’exprimer et de parler de leurs expériences. Il est donc une partie intégrante au loci. Ce format est également important pour moi car je suis passionnée par la vidéo et le montage depuis très longtemps.
Yorumlar