Les mots me manquent pour d’écrire l’absurdité de vivre dans une collectivité où des appartements de luxes demeurent vides et où environ la moitié de la nourriture produite est jetée alors que trop d’êtres humains sont sans logement et peinent à se nourrir (un seul c’est déjà trop).
Ce qui est d’autant plus triste avec ce symptôme (ou conséquence) du capitalisme est notre perception collective de la chose – lorsqu’elle n’est pas tout simplement ignorée. Au-delà de la méfiance générale à l’égard des personnes sans domicile fixe et du zèle machiavélique de ces urbanistes qui mettent en place du mobilier urbain « anti-itinérants » (Le Devoir, 2014), la stigmatisation de l’itinérance est malheureusement enracinée dans nos structures institutionnelles les plus importantes.
En effet, ces dernières années, les tribunaux canadiens ont jugé à maintes reprises que les personnes en situation d’itinérance ne sont pas protégées par l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés visant à assurer à tous et – particulièrement aux groupes traditionnellement marginalisés – le droit à l’égalité et une protection face à toute forme de discrimination.
Je vois dans cette attitude face à l’itinérance un des mécanismes de protection d’une société qui préférera toujours fuir vers l’avant plutôt que d’affronter ses problèmes à la source et qui a comme conséquence de priver ces êtres vivants de la dignité qu’ils méritent.
Je propose donc que l’on entame, en plein cœur d’une ère où l’avoir représente l’élément déterminant de l’être, une incursion dans cette réalité parallèle visant à donner la parole à certains de ceux qui, à priori, semblent ne rien posséder.
Pour ceux que ça intéresse : https://www.ledevoir.com/politique/montreal/411851/apres-les-pics-les-bancs#
Comments