Cette (tentative de) représentation de mon loci vise à explorer la place de l'itinérance – et l’itinérant.e – dans nos collectivités ainsi que l’idée qu’on s’en fait. Le fait que les individus en situation d’itinérance semblent à première vue être exclus des rapports sociaux, structurés par les logiques marchandes centrales aux sociétés capitalistes, ne signifie pas pour autant qu’ils se retrouvent complètement isolés et privés de ces rapports avec ce qui les entoure. La figure 1, qui se veut être une illustration des connexions qu’ont les sans-abris avec leur environnement, vivant et non-vivant, s’oppose à la vision traditionnellement répandue. Celle-ci est représentée à la figure 2 par l’image des « bonshommes allumettes » vivant seuls sous un pont incarnant la croyance selon laquelle les personnes itinérantes vivent recluses et déconnectées de ce qui les entoure. En effet, ces dernières entretiennent des relations – certaines d’entre elles marchandes – avec des membres de leurs réseaux. Ne considérer les itinérants que comme des individus vivant en marge de la collectivité et n’étant liés au « monde » que par des efforts de quémandage omet de prendre en considération une énorme partie de leur(s) réalité(s).
Le second aspect mis en lumière par ce dessin est la représentation que l'on se fait de la ville et de son centre. Malgré le fait que le centre-ville soient souvent considérés comme foyer des activités humaines et comme l’élément central de la vie en société, un nombre croissant d’individus fréquentant ces lieux ne le font que de façon intermittente et pour des activités économiques, que ce soit travail ou consommation (pensons notamment aux usagers quotidiens du Rapibus gatinois ou des banlieusards montréalais). Les véhicules traversant le pont séparant la maison de la ville dans la figure 2 montrent cette idée de la ville comme étant un lieu où on y passe et non un lieu où on y vit. Les personnes sans-abris, bien que leur occupation de l’espace dérange souvent, vivent la ville d’une façon qui leur est propre. Je ne sais pas si on peut dire que l'itinérance permet le déploiement de racines et l'ancrage à un endroit (à explorer dans un prochain billet), mais force est d’admettre que la ville et son centre sont le cadre de la quasi-totalité des activités de ces individus qui entretiennent ce rapport particulier avec le milieu urbain.
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