Pour parler de ma présence dans mon loci et de ma relations avec les plantes je vais devoir d'abord dire que je viens de la ville de Juanjui située dans la province de San Martin dans l'Amazonie Péruvienne. Le fleuve Huallaga est près de la ville et en été on pouvait le traverser pour aller de l'autre bord où il y avait des fleurs qu'on pouvait les manger tellement qu'elles étaient sucrées. Depuis ma tendre enfance je me souviens que j'avais peur de tomber malade (comme la grippe par exemple) parce que toute suite j'étais obligée d'avaler une substance amère pour pouvoir guérir et je n l'aimait pas du tout . En fait, ce que j'avalais c'était une plante appelée achicoria que guéri la fièvre, les maux de tête, la grippe, les maux de ventre, entre autres. Ma grande-mère savait toujours quel genre de plante fallait me donner et le médecin était le dernier recours.
Quand je voulais manger des fruits comme par exemple des oranges, des guayavas, des noix de coco, des bananes, du cacao, entre autres, j'allais les chercher dans la cours arrière des chez nous. Ma grand-mère disait que nous étions béni donc il fallait aussi prendre soins de plantes fruitières alors il fallait les nettoyer en enlevant les branches mortes, etc. De plus, notre petite ville était, puis elle l'est encore, entourée d'arbres. Parfois, avec ma grand mère on partait à une heure de marche pour aller chercher des fines herbes pour sa cuisine et quelques plantes qui guérissaient certains maladies.
En ce qui concerne les plantes d'intérieur en pots on en avait quelques unes qui avaient comme fonction purifier l'air de la maison et d'autres étaient chargées d'éloigner les mauvais esprit ainsi que le mauvais oil. Je me souviens que la plante chargée d'éloigner le mauvais oil était la ruda. Cette plante je l'ai trouvé une fois il y a quelques années dans un magasin Rona à Montréal. Je l'avait planté dans ma cours arrière pendant l'été et je me suis dit qu'avec l'arrivé de l'hiver elle allait mourrir. Oh quelle surprise! à l'été prochain elle était là dans mon jardin avec des "bébés" en plus! parce qu'elle était femelle (cette plante peut-être mâle ou femelle). Les plantes femelle se reproduisent et fleurissent au contraire de la ruda mâle.
Il faudrait peu-être que j'ajoute que le frère à ma grand-mère est un homme médecin. Et une de ses soeurs est la sage femme (elle fait accoucher les femmes) d'un village où elle est devenue la marraine de presque tous les villageois haha. Je me souviens que mon oncle (l'homme médecin) donnait de l'ayahuasca à ses patients (je parle de l'ayahuasca parce qu'en étudiant l'anthropologie j'ai su que cette plante attire l'attention des gens de cette partie du monde). Chez mon oncle, je me souviens d'avoir vu plusieurs types de plantes sèches accrochées au mur dans sa salle de guérison. Des nos jours, mon oncle a pris sa retraite, mais nous avons une femme médecin dans notre famille.
Pour conclure, j'ai fait cette petite mise en contexte pour expliquer que ma relation avec les plantes et possiblement moins occidental que celle de la plupart de gens d'ici. Ma relation avec elles n'est pas capitaliste, car je ne vois pas les plantes en rapport à l'économie. Pour moi, les plantes donnent la santé soit physique ou mentale, donnent un toit quand on coupe des arbres pour bâtir une maison, elles donnent de l'air pur, elles nous donnent du mangé ...
Une fois arrivée au Canada, peu à peu je me suis aperçu que les plantes était vues comme des objets décoratifs et qu'elles sont liées fortement à l'économie. Je me suis rendu compte aussi que c'est une ontologie complètement différente à l'ontologie indigène que j'ai encore présente en moi.
Aujourd'hui, j'ai des plantes décoratives en pots dans mon chez moi. Je n'ai pas de rapport économique avec elles sinon un rapport émotionnel aussi puis elle me rappellent mes racines. Quand la pandémie a commencé je me suis tournée vers les plantes pour essayer de contrôler mon anxiété que je sentait augmenter du au confinement. Je pense qu'inconsciemment je cherchais la santé et le bonheur qu'elles m'avaient données dans le passé. Je me demande parfois (à cause de mon loci) si mon rapport est aussi économique. Économique dans un seul sens parce oui, je les achète et ce parce que je n'ai pas le choix. Ici je ne peux pas aller les chercher dans la forêt. J'ai de plantes chez nous, mais elles ne sont pas mon moyen de substance économique sinon émotionnel. Elle ne représentent pas une rentrée d'argent pour moi.
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