En arrivant à l’Université d’Ottawa, chaque étudiant.e international.e était dans l’obligation de suivre trois journées d’orientation internationale. Parmi les divers sujets abordés, comme l’ouverture d’un compte en banque, l’assurance médicale canadienne ou bien les différentes provinces du Canada, nous était montré ce schéma.
Ce schéma représente le « choc culturel », expression employée pour la première fois par l’anthropologue Kalervo Oberg. C’est cette image que j’ai décidé de prendre pour présenter la ligne temporelle de mon loci.
Ce schéma, depuis mon arrivée au Canada, me suit, car trace parfaitement l’expérience à travers le temps de la réappropriation de ma culture d’origine et celle de mon pays d’accueil.
En un premier temps, l’étudiant international vit une phase de lune de miel, durant environ quelques semaines. Durant ces semaines, l’étudiant explore sa nouvelle ville, cette nouvelle culture qui l’accueil, ébahi par les différences, les merveilles qui l’entourent et qu’il ne comprend pas encore. Il les observe d’abord d’un œil touristique.
Puis la routine s’installe, et c’est à ce moment là que ces différences culturelles fondamentales choquent et chamboulent. Lorsque, j’ai personnellement atteint le stade de «confrontation » face à ma culture d’accueil, je me sentais seule, perdue, remettant en doute la décision même d’immigrer. C’est un temps de profonde frustration, car l’étudiant se rend compte qu’il est pour lui difficile d’agir socialement de manière aisée, un temps d’idéalisation de son pays d’origine, de désillusion et presque de détestation face à ce pays nouveau.
Ensuite vient la phase d’adaptation, quelques mois après l’immigration et donc après quelques mois de désorientation. Se mettent alors en place des stratégies d’adaptation. L’une des miennes étaient de me dire mentalement que « c’est n’est pas parce que c’est différent, que c’est mauvais », à chaque fois que je me trouvais à critiquer la culture canadienne et ceux qui la pratiquent. C’est un temps de compréhension, d’apprentissage et de réouverture face à cette nouvelle culture. C’est également un moment où l’étudiant se crée un nouveau réseau social et culturel, en intégrant les normes et valeurs canadiennes.
Enfin, au bout de cette ligne se trouve l’aisance biculturelle. Cela peut prendre des années pour l’atteindre. Cependant, celle-ci signifie que l’étudiant se sent autant à l’aise dans la culture de son pays d’origine que celle qu’il a intégré. L’étudiant est biculturel, il a intégré et mélangé en lui deux cultures.
Ci-joint : Ce schéma dessiné dans le carnet où j’écrivais à partir d’août 2017, mon expérience d’immigrée.
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