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Jeannine Hubert : témoin de l'essor du capitalisme

Ma grand-mère Jeannine Hubert est une femme qui a été témoin des modifications sociétales associées au capitalisme. Elle et sa famille sont originaires des provinces des Maritimes et ont emménagé au Saguenay pour le travail qu'offrait l'Alcan. Quand ma jeune grand-mère est arrivée au Saguenay, toutefois, il s'agissait encore une région plutôt agricole. L'industrie de l'aluminium avait pris place sur les rives du Saguenay, mais une des activités économiques dominantes, dans l'imaginaire comme dans les faits, demeurait agricole. Elle est devenue infirmière car elle souhaitait obtenir une indépendance financière et car elle appelait de tous ses voeux à actualiser son potentiel. 

Grâce à son métier, elle a pu observer les mutations de l'environnement de travail des ouvriers saguenéens. Elle a notamment pu être témoin des modifications des blessures de travail qui pouvaient se produire sur un des lieux premiers du capitalisme, c'est-à-dire dans l'industrie lourde. Elle a notamment soigné des travailleurs amputés en raison des machineries, puis, ces accidents se sont faits plus rares en raison des normes du travail. 

Toutefois, si l'on change l'angle de la vision sur le lien entre le capitalisme et ma grand-mère, son entrée sur le marché du travail en tant qu'infirmière lui a permis de s'émanciper d'une domination masculine. Elle proclame toujours haut et fort la nécessité pour les femmes d'avoir « un compte bancaire à soi », déformant légèrement le propos de Virginia Woolf, mais l'applicant à sa propre réalité. Elle désapprouve les mariages et elle serait devenue médecin si sa famille avait possédé les moyens financiers de l'appuyer dans cette démarche. Ainsi, pour elle, le capitalisme s'avère à la fois une source d'émancipation par le biais du marché du travail et une force qui a encadré sa tâche de soignante.


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1 comentario


D.
D.
18 sept 2020

Excellent point d'entré dans ce phénomène toujours difficile à saisir qu'on appelle capitalisme. L'avenue biographique est singulière en même temps qu'elle porte toujours en elle tout un tas de résonances qu'il s'agira ici d'explicité. Passer du particulier au général est toujours une opération délicate, mais instructive. Je vous encourage donc à lire en parallèle de cette recherche la BD de Joe Sacco, tant les destins croisés (ouvriers, pionniers, autochtones) s'avèrent aussi entremêlés qu'indissociables. Très bon début, bravo!

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