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Bricollage: migrations et capitalisme

Photo du rédacteur: Camille AssamankouCamille Assamankou

« Les migrations sont une condition de l’existence ». Elles « invitent à refonder notre monde au-delà de toute indignation, et à faire commun » (Clément, 2019). Un petit aperçu du pourquoi je me sens légitime de parler de migration : je suis une immigrante au Canada. Les remarques qui vont suivre ont été fondées sur la base de mes expériences personnelles et constats.

Il se trouve que j’ai eu à suivre des étapes depuis mon pays d’origine : passer par les bureaux de passeport, de visa, les aéroports jusqu’à mon pays d’accueil. Une ligne droite en effet mais qui s’est déroulée à travers le temps. Ces différentes étapes constituent ma ligne d’espace et de temps. les lignes suivantes décrivent un exemple de processus d’immigration. Tel que donné quelques semaines passées, la ligne d’espace est à peu près celle légale que tout migrant suit. La ligne temporelle, est un cas particulier d’une connaissance.

Depuis le pays d’origine jusqu’au pays d’accueil : Une ligne dans l’espace (7 étapes)

· Etape 1 : Pays d’origine ; c’est le point de départ

· Étape 2 : Bureau de Passeport

· Etape 3 : Ambassade du pays d’Accueil, demande de Visa

· Étape 4 : Aéroport du pays d’origine

· Etape 5 : Avion

· Etape 6 : Aéroport du pays d’accueil

· Etape 7 : Pays d’immigration

Une ligne temporelle peut être

Faits réels : l’exemple d’une jeune femme ayant immigré vers la France en 2016

Disclaimer : l’autorisation de publication de l’histoire de la personne a été obtenue

· Aout 2014 - Avril 2015 : travailler en tant que domestique pour une famille tout en étant escorte pour le père de famille afin de réunir une somme pour aller en Europe

· May 2015 – Décembre 2015 : recherche de contacts en France pour l’accueillir, établissement de passeport, recherche d’un visa de VISITEUR

· Janvier 2016 : achat du billet d’avion

· Février 2016 : l’avion atterrit sur le territoire français

· Février 2016 – Juin 2016 : recherche d’un homme de nationalité française afin de se porter comme père de son enfant à naitre. Il s’agit ici d’un contrat illégal fait entre la mère et l’individu

· Juin 2016 : Clandestine sur le territoire français donne naissance à une petite fille qui est reconnue française

· A partir de Juin 2016 : commence les démarches pour obtenir un titre de séjour et pouvoir rester en France de manière légale

En observant les différentes lignes et en poussant ma réflexion en cherchant les causes d’un potentiel déplacement, je me rends compte qu’un élément revient : le capitalisme

Comme exprimé dans mon loci au début du semestre, mon hypothèse est la suivante : le capitalisme crée les migrations et les migrations servent son intérêt. En effet, La circulation des biens et des personnes est possible grâce au capitalisme. Le capitalisme qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres en créant une répartition inégale des ressources. Issue d’un pays du Sud, je comprends le besoin des populations de migrer pour obtenir une vie meilleure. Dans les pays en voie de développement, comme dans certains pays africains, le capitalisme instauré fait qu’en général, les ressources sont concentrées entre les mains d’une poignée d’individus pour différentes raisons au détriment du reste de la population. L’être humain étant en quête continuelle d’amélioration, cette population migrent vers les pays ou zones européennes pour une vie meilleure. Mon constat est que cette nouvelle main d’œuvre c’est-à-dire les immigrants, permet d’enrichir encore plus ces pays d’accueils et les circuits de migration. Une fois de plus on a un certain nombre de pays sur le globe qui détiennent la majorité de la richesse. Cette nouvelle accumulation de richesse attirent donc de plus en plus d’immigrants. On tombe dès lors dans un cercle vicieux. Une façon d’illustrer mon hypothèse est mon dessin :




Les déplacements deviennent un phénomène normal qui est perpétué de génération en génération, qui s’inscrit dans les mœurs comme Clément le dit, « une condition d’existence »

C’est ainsi que j’ai formulé mon poème :

Je suis née,

Je suis née et le monde m’a fait comprendre que réussir sa vie passe l’accumulation de biens.

Je suis née et j’aspire à une vie meilleure,

Je suis née et mon pays ne me donne pas les moyens de me réaliser,

Partir en Occident est mon rêve, immigrer est ma seule issue

Que serais-je prête à faire pour réaliser mon rêve ?

TOUT

Je suis déjà née donc quitte à traverser l’océan en pirogue pour la richesse, je le ferai,

Je suis née et je n’ai pas créé ce système

En effet, Je suis née esclave d’un système capitaliste mais je choisi de fermer les yeux et le servir

En effet, moi comme tout migrant servons le capitalisme : à mon niveau une façon d’enrichir mon pays d’accueil est le fait d’acheter mes livres de cours :



Maintenant, Il est important de montrer la face cachée du capitalisme associé aux migrations.

Mon texte prosaïque nous indique le but premier du capitalisme et comment il se sert des migrations et rend toxique la relation Migration-capitalisme.

But : Le capitalisme, un concept pour le bien de tous, à croire les pays du Nord.

Face cachée : Il fait bien de dégâts dont on n’en parle pas. Un des retombés de ce concept est l’inégalité du revenu au niveau mondiale. Répartition des ressources en faveur des pays du Nord au détriment des pays du Sud.

En pratique: Beaucoup de populations se voient dans la nécessité voire l’obligation de migrer. « Plus que de migration, il est affaire de milieux que l’on quitte, d’autres que l’on découvre et contribue à refaçonner, de confrontation entre populations, de postures hostiles ou accueillantes ». (Clément, G., Coccia, E., Kremer, A., Tassin, J. & Thiéry, S. (2019).

Avantages : découverte d’un nouveau monde, ouverture d’esprit, vie meilleure

Inconvénients : Mort, dépression, solitude, guerre…

L’image suivante décrit un peu les conséquences que provoque le capitalisme. La pauvreté oblige les populations à rechercher une vie meilleure. Comme dans mon poème, la question est : À quel prix ?



La ligne de temps de mon amie exprime jusqu’où une personne serait prête à aller pour échapper à la pauvreté. La pauvreté et l’inégalité crée par le capitalisme poussent les plus démunis à user de toute sorte de moyens afin d’obtenir une vie meilleure. Comme si cela ne suffisait pas, le processus a couté cher à la jeune femme; que ce soit en argent : payer des personnes ici et là en plus des dépenses administratives ; ou en temps. On peut même ajouter un coût social (prostitution, enfant sans son vrai père).

Où pensons-nous que cet argent y compris les coûts administratifs du processus d’immigration partent?

Selon moi, encore une fois dans les mains de ceux qui tiennent le système par les cordes.

Toujours est-il que les migrations ont leurs avantages. Je peux l’affirmer avec pour preuve que je ne suis pas présentement malheureuse. Mais les conséquences ne sont pas à négliger. Pour avoir entendu des histoires de compatriotes qui usent de tout moyen à leur disposition (légales ou illégales) je me dis que dans ce contexte particulier, les ravages peuvent être évités.

 
 
 

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